Nous l'annoncions fin janvier, à l'occasion de la note "Asnières, approche croisée": l'ancien maire d'Asnières et actuel député UMP des Hauts-de-Seine Manuel Aeschlimann était poursuivi par le Parquet de Nanterre pour favoritisme dans l'attribution d'un marché public. Ainsi que, pour favoritisme ou complicité de favoritisme, Frantz Taittinger, ancien député et ancien maire RPR d'Asnières, Fabienne Van Aal, fille de l’ancien maire de Neuilly Louis-Charles Bary, et Dominique Carbonnier, gérant d’une ancienne entreprise de spectacles nommée CDA-Productions.
Manuel Aeschlimann a été condamné hier à dix-huit
mois de prison avec sursis, 20 000 € d’amende et à une peine d’inéligibilité de quatre ans. Frantz
Taittinger a pour sa part été condamné à huit mois de sursis et 10 000 € d’amende, Dominique
Carbonnier à quinze mois de sursis et
10 000 € d’amende, Fabienne Van Aal, qui dirigeait l'association para-municipale concernée, à trois mois de sursis. La ville d'Asnières, qui s'était portée partie civile, recevra des quatre protagonistes 100 000 €
de dommages et intérêts et 20 000 € au titre du
préjudice moral.
Manuel Aeschlimann ne s'était pas déplacé au tribunal et a décidé de faire appel, ce qui
lui permet à ce stade, la procédure étant suspensive, de rester député. Mais sa condamnation est marquante dans un département malheureusement connu pour les affaires politico-judiciaires qui y restent très longtemps en suspens. Patrick Devedjian, qui avait promis de "nettoyer les écuries d'Augias", n'hésitant pas ainsi à comparer le département à un lieu tellement sale qu'il est devenu impossible d'y entrer, a dû perdre son balai : au sein même du Conseil général, les rapports établis par divers audits sur l'ex SEM coopération 92 n'ont toujours pas été rendus publics... On est par ailleurs sans nouvelles de l'enquête sur les fausses factures informatiques qui auraient été réglées par le Conseil général, comme entre autres de l'affaire Hamon...
Les hommes politiques impliqués seront-ils un jour condamnés à verser aux citoyens des Hauts-de-Seine, qui ne sont pour rien dans cette succession d'affaires entachant gravement l'image du département et doivent en outre en supporter fiscalement le poids, un dédommagement pour préjudice moral ? C'est très rarement le cas. Sous cet angle, la condamnation de Manuel Aeschlimann est une vraie bonne nouvelle.
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.