Le rêve de Pierre de Coubertin, écrivait Maurice Duverger en 1972, n’a qu’une ressemblance formelle, apparente, extérieure avec les traditions antiques. Les Olympiades grecques réunissaient seulement des pays ayant les mêmes croyances fondamentales, le même système de valeurs. Elles n’avaient aucune prétention universaliste. Réservées aux cités helléniques, elles écartaient tous les autres peuples. Transposer cela dans le monde actuel aboutit à une caricature. Car demander aux hommes d’un univers aussi divisé que le nôtre, qui n’ont aucun système de valeurs communes, de s’affronter sur un stade en oubliant leurs antagonismes politiques et sociaux, c’est minimiser ceux-ci. Masquer les contradictions et les conflits de la société a toujours été l’un des moyens essentiels de maintenir l’ordre établi.
Le choix fait par le Comité international olympique de positionner en Chine les jeux de 2008 a illustré de façon presque caricaturale cette minimisation des antagonismes,
vaguement atténuée par des promesses floues en matière de droits de l’homme.
Faut-il aller "plus vite, plus haut, plus fort", selon la devise olympique, à Pékin ?
Faut-il de plus, au mépris des valeurs affirmées, y participer à des cérémonies officielles olympiques ?
La citoyenneté locale a tout son sens comme partie d'une citoyenneté globale. Relayons au moins cet appel, très modéré, au président chinois Hu Jintao :
- En tant que citoyens du monde entier, nous vous demandons de montrer de la mesure et du respect pour les droits de l'Homme dans votre réponse aux protestations au Tibet, et de prendre en considération les préoccupations de tous les tibétains en ouvrant un dialogue pertinent avec le Dalai Lama. Seul le dialogue et la réforme apporteront une stabilité durable. Le futur le plus lumineux de la Chine et ses relations les plus positives avec le monde sont liés à un développement harmonieux, au dialogue et au respect.
Vous pouvez aider en signant cet appel sur le site de l'équipe avaaz.org; il a recueilli aujourd'hui plus d'un million de signatures, le but est d'en réunir deux millions avant de le remettre au gouvernement chinois.
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