La réunion publique d’hier soir s’est déroulée dans une superbe salle de la « base nautique » édifiée récemment par le Conseil général à Sèvres. Quelque 250 personnes s’étaient déplacées. Au micro, Patrick Devedjian, les maires d’Issy, Sèvres et Meudon, ainsi que des responsables du Conseil général - une tribune exclusivement masculine à l’exception d’une technicienne du Conseil général.
Que retenir de cette soirée ?
Sur fond de documents abondants mais peu lisibles fournis par le site dit Vallée rive gauche, le Conseil général a privilégié le marketing et les réponses englobantes. Aux questions factuelles, ont généralement été opposés de longs développements qui seraient plus utiles pour rédiger des brochures publicitaires que pour éclairer les choix. Les réponses fournies restent dans le flou, ou obéissent à une géométrie variable que l’on ne saurait recommander aux collégiens et lycéens des Hauts-de-Seine :
- Quelle emprise de voirie pour chacune des solutions (une quatre voies d’un côté, deux fois 1,5 voies de l’autre) ? Selon les explications données, le choix n’aura aucun impact sur la largeur de « l’espace vert ». La variable d’ajustement seront les trottoirs.
- Bon, alors quelle largeur des trottoirs dans l’un et l’autre cas ? S’il y a quatre
voies, les trottoirs seront « un peu moins larges », mais ils seront « aux normes ». Quelle largeur si on construit une quatre voies, ou dans les autres options ? A ce stade la question n'a pas reçu de réponse.
- Quel coût pour l’aménagement paysager ? 70 millions d’euros, a martialement annoncé Patrick Devedjian hier soir. 40 millions d’euros, selon le projet d’aménagement mis en ligne par le Conseil général. Euh… La différence correspond elle au coût du foncier ? A une révision à la hausse ou à la baisse ? La question est restée sans réponse du côté du Conseil général mais n’a pas semblé laisser indifférents les maires présents (à l'exception d'Hervé Marseille, totalement muet).
- Quelle surface respective pour l’espace vert et pour la voirie ? 14 hectares et 7 hectares, selon l’annonce du discours introductif. Au fil de la soirée, les estimations ont évolué avec les définitions de « l’espace vert » : comprend-il ou non les trottoirs ? Les pistes cyclables ? Oui, non, peut-être… Finalement, la proportion devrait être quasiment inverse à l'annonce initiale.
- Quelle surface totale minéralisée ? Sur ce sujet, silence complet. Les explications techniques semblent indiquer que l’équilibre actuel sera au moins préservé et même conforté : il s’agirait de « cheminer le long des berges naturelles », de « renforcer les milieux humides par la récupération des eaux pluviales ». Pourtant, toutes les représentations affichées montrent des cheminements bétonnés, le long d'ailleurs de barrières qui couperaient un peu plus la ville du fleuve… Que comprendre ?
- Quelles projections de circulation automobile ? Là, les chiffres ne manquent pas, tous en hausse alors que les pointages actuels sont en baisse. Ils se basent sur des études de trafic non consultables. La demande de les publier sur le site de Vallée rive gauche n’a à ce stade reçu aucune réponse.
Sur ce fond parfois surprenant, les débats ont eu un peu tendance à se stériliser sur l’opposition voitures / transports en communs ou déplacements pédestres et cyclistes. Ce n’est pourtant pas ce choix propre aux préférences et contraintes de chacun qui est en cause : l’option, désormais inclue dans la concertation, d’un double sens de circulation automobile assorti de possibilités de dégagement, de pistes cyclables et de voies piétonnes en « 2 fois 1,5 voies », avec un trafic fluidifié par de petits giratoires, est une solution de conciliation qui permet aux uns et aux autres de cohabiter plutôt que de s’opposer…
Les riverains ne s’y sont pas trompés, avec des témoignages très forts et, au fond, une seule question, au delà des voiles de fumée et des jeux de mots ("2x2 voies", "boulevard urbain", etc) : voulez vous nous faire vivre au bord d’une autoroute ? Une mère de famille habitant la ZAC des Chartreux explique qu’elle ne dort plus que très mal depuis son emménagement, la pollution donne à ses enfants des maladies bronchio-pulmonaires et, par rapport au plan masse qui lui avait été présenté, elle a vu le trottoir fondre de moitié au profit de la cinq voies qui rase son immeuble. D’autres riverains lui font écho et elle invite les élus à passer une nuit chez elle pour comprendre. André Santini, que l’on a connu plus calme, s’emporte… Mais dans ce quartier dont il vante la médiathèque et l’école, il y a les immeubles d’habitation d’un côté de la RD 7, la médiathèque de l’autre ; les immeubles d’habitation d’un côté, l’école de l’autre… Le maire d’Issy n’a plus le choix : s’il ne veut pas abandonner ses nouveaux habitants, il devra se battre – comme il avait commencé à le faire – pour que la solution retenue soit moins sauvage que la quatre voies à fort trafic qu’a jusqu’ici privilégié le Conseil général.
Un début de concertation surtout donc en forme de point d’interrogation, avec l’espoir tout de même que suscitent les possibilités désormais plurielles, contrairement à ce qui avait été proposé dans les deux concertations précédentes. Et, en fin de soirée, même si d'autres déclarations avaient fait penser le contraire, Patrick Devedjian a conclu que le Conseil général n’aurait pas encore arrêté son choix, et prendra en compte les arguments apportés...
- Droit de l'environnement, actualité : le Conseil d'Etat vient de donner une nouvelle force juridique à la Charte de l'environnement, dont la méconnaissance peut désormais fonder l'annulation d'un acte administratif. Cette Charte proclame notamment le
"droit de vivre dans un environnement équilibré et respectueux de la santé" et "l
Le long des Chartreux, c'est fait : la piste cyclable, séparée de la circulation derrière le stationnement, sur un revêtement clair, va permettre de vérifier que les piétons , non seulement vont devoir craindre les voitures, mais aussi les cyclistes !
Et probablement, tout le monde va maudire les potelets dont j'attends l'éclosion bientôt, malgré l'automne...
La solution, de ce côté, paraît être beaucoup plus définitive que les paroles lénifiantes de M. Devedjian ne l'annonçaient lors de la réunion de "concertation" du 6 octobre.
Rédigé par : BOTTARO Denis | 07 octobre 2008 à 23:30