"Altoséquanais" ou "des Hauts-de-Seine", pour les lecteurs hors département de ce blog. On connaissait jusqu'ici l'humour anglais, l'humour belge, moins celui du 92 - mais le conseiller général et chef de file de
l'UMP à Neuilly, Jean Sarkozy, s'emploie à combler cette lacune. Il a fait ce week-end les délices des dépêches AFP en déclarant que la ville de Neuilly ne doit pas être
l'objet de "discrimination", et que "Les habitants de l'Ouest parisien ne sont pas des citoyens de "seconde
zone"... Certes ! Et pourquoi, peut-on tout de même se demander, suspecter à l'égard de Neuilly une telle "discrimination" ? Parce
que le dossier de l'enfouissement la route nationale 13 dans cette ville serait indûment freiné...
Que penser de ce dossier ? Bien sûr, dans l'idéal le confort légitime de tous les habitants, dans toutes les villes, gagnerait à l'enfouissement de toutes les routes urbaines à forte circulation. Le projet d'enfouissement de la RN13 à Neuilly, techniquement réalisable selon les études menées, a cependant pour caractéristique majeure son coût très exceptionnellement élevé : de l'ordre de un milliard d'euros ! Les enfouissements de voirie sont toujours très chers, et s'ajoutent ici des contraintes techniques spécifiques liées à la présence de la ligne n°1 du métro et de la station «Sablons» - station qui bénéficie bien naturellement aux Neuilléens... La limite est donc claire, elle est financière ; comme le rappelle d'ailleurs chaque jour le gouvernement, ce qui n'a sans doute pas échappé à Jean Sarkozy, les budgets publics sont limités.
Jean Sarkozy appelle à un referendum local : dans quel cercle ? Si un tel vote doit avoir le moindre sens, sûrement pas en interne à Neuilly en tous cas, car ce n'est pas la ville qui supporterait le coût de ce tunnel mais bien les contribuables français dans leur ensemble, pour financer l'intervention de l'Etat, avec un surcoût notable pour les contribuables d'Ile de France en cas de co-financement de la région, et en tout état de cause pour l'ensemble des contribuables du département afin de financer la contribution du conseil général. En Ile de France, on pourrait multiplier les exemples de "discriminations" nettement plus immédiates que celles qui sont censées concerner Neuilly ; puisque Jean Sarkozy a évoqué la Seine-Saint-Denis, faisons court et n'en prenons qu'un : le désenclavement de Clichy-sous-Bois et Montfermeil, essentiel pour y résorber les très fortes difficultés sociales et permettre l'accès des habitants aux bassins d'emploi, nécessite la prolongation d'une ligne de métro ; rien de tel n'a été entrepris et pourtant le constat a été fait par le ministère de l'équipement en... 1971... Vous avez dit discrimination ?
Mais restons pour conclure dans notre département avec quelques chiffres afin de situer les ordres de grandeur : le budget 2008 en investissement du Conseil général, pour l'ensemble de la voirie départementale y compris la sécurité routière et l'éclairage, est de 56,7 millions d'euros, le cofinancement départemental des tramways est de 30 millions d'euros, l'investissement départemental pour l'accessibilité des transports aux personnes à mobilité réduite est de 2 millions d'euros.
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