Mais vous n'en saurez rien pour le moment par les voies officielles : si la concertation organisée par le Conseil général sur le dossier de la RD 7 a été marquée par une grande opacité, l'exécutif départemental fait aujourd'hui durer l'opacité en masquant les résultats du recueil écrit d'avis. Les résultats de la partie écrite de la concertation - registres déposés dans les communes, avis sur le site Internet dédié - devaient en effet être annoncés hier. Au lieu de cela, la publicité des chiffres a été repoussée à fin mars c'est-à-dire de deux mois encore (pourquoi pas en 2010 ?), et le Conseil général la remplace par une communication axée sur... un sondage. Le code de l'urbanisme impose pourtant, pour une opération importante d'aménagement, d'organiser une
concertation avec la population, pas de dépenser
l'argent public pour communiquer par sondages interposés... Mais les sondages ont un avantage : on peut en négligeant les précautions d'usage leur faire dire ce que l'on veut. En l'occurrence, selon ce qui est affiché dudit sondage, les riverains seraient "d'accord pour rénover les quais". Titre qui ne dit pas grand chose mais imprime une forte connotation positive. Il se
trouve seulement que diverses associations regroupées en collectif sont
moins amatrices de communication orientée que de la réalité des avis exprimés.
A la fin de la période impartie pour remplir les registres, elles en
ont intégralement photographié le contenu et viennent de procéder à
leur dépouillement : sur un millier d'avis déposés, seuls 4% sont favorables à l'option "quatre voies" présentée par la Conseil général ! Et plus de 93% sont favorables à la solution articulée autour de deux fois une voie et demi, en chaussée multimodale, qui assure :
- une fluidité maximale du trafic grâce à une solution intelligente, pratiquée sur des centaines de carrefours à Nantes ou à Toulouse, de "mini-giratoires" tel que celui qui est testé au carrefour Vaugirard (mais avec des aménagements définitifs, le Conseil général des Hauts-de-Seine, lui, en étant toujours aux plots en plastique);
- une sécurité maximale pour les piétons, cyclistes et automobilistes
- un peu de respect des riverains
et accessoirement, puisque cela ne semble en rien préoccuper le Conseil général qui se place ainsi en contradiction complète avec les objectifs affichés par le Gouvernement, de moindres nuisances à l'environnement...
Restera à dépouiller les avis déposés sur Internet, dont les associations ont demandé qu'ils soient regardés par un tiers garant - sans réponse sur ce point non plus du Conseil général. Qui se contente à ce stade d'afficher des indications variables (là encore) concernant le nombre de ces avis : 450 selon la lettre électronique "l’agenda
des Hauts-de-Seine" du 92 express, "plus de 500", selon "Hauts-de-Seine magazine" de février-mars 2009... Publions vite ces chiffres avant qu'ils ne gonflent encore, concernant en l'occurrence des avis dont le contenu ne peut être vérifié sans accès au site.
Quant au "sondage" propagé ou à ce qu'on lui fait dire, regardons un peu le détail :
- sur 519 personnes ayant répondu, 43% disaient en novembre n’utiliser que "rarement" la RD 7 ;
- seuls 19% savaient ce qu'il en était du projet d'aménagement !
Le sondage a donc été ciblé sur une population dont près de la moitié est peu concernée par le sujet, et parmi les sondés, seul un sur cinq connaissait la teneur du projet... Très pertinent tout cela, d'autant que le sondage en question a été effectué par téléphone : les 80% de sondés qui ne connaissaient pas le contenu du projet n'ont donc pas même pas pu voir un croquis avant de répondre. Mais continuons :
- l’échantillon de sondés
comportait 83% d’utilisateurs en véhicule individuel ;
exit donc les piétons, cyclistes, riverains...
- et enfin, car le reste relève dans ces conditions du folklore, 54% des sondés étaient en novembre plutôt satisfaits de l’état général de la RD7 et de ses abords en berges de Seine...
Aucune de ces données de base n'a été communiquée par la presse - qui ne les a pas nécessairement reçues elle-même du Conseil général.
La "concertation" elle-même, telle que menée par le Conseil général, avait déjà été gravement entachée par des informations tronquées, des chiffres à géométrie variable, la présentation faussée de l’option quatre voies défendue par le Conseil général (répartition de 14 hectares d’espaces verts pour 7 hectares de voirie selon la communication officielle, une réalité exactement inverse de 7 hectares d’espaces verts pour 14 hectares de voirie).
Dans cette procédure, le
Conseil général des Hauts-de-Seine n'a respecté jusqu'ici ni les riverains, ni
la sécurité des automobilistes, ni l'environnement, ni les participants aux
réunions publiques. Il se moque maintenant des contribuables du département en dépensant
l'argent public pour des sondages présentés en lieu et place des procédures
réglementaires et dont il est retenu une interprétation biaisée.
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