Espérant travailler au calme et disposant d'un peu de temps chez moi, je me suis installée hier devant mon ordinateur pour, en principe, une studieuse après-midi. Studieuse, elle le fut en partie, calme, beaucoup moins... un voisin effectuait des travaux d'installation, ce qui est gênant mais somme toute bien normal dans la vie collective, et, produisant beaucoup plus de bruit que lui, les jardiniers usaient de leur appareillage moderne : non seulement les "soufflettes" censées balayer les feuilles ou résidus de gazon, mais aussi une sorte de broyeur transformant sur place les branches élaguées en sciure de bois. Pour participer de temps à autre à des réunions publiques, j'ai entendu de nombreuses personnes protester contre l'usage des soufflettes par les services de la mairie, ou, maintenant, de la communauté d'agglomération. Alors cherchons l'erreur : pourquoi diable,
dans cette résidence où les jardiniers ne dépendent pas de la puissance publique, les copropriétaires (dont je ne fais hélas pas partie) laissent-ils les entreprises qui entretiennent les espaces verts imposer beaucoup plus de nuisances encore ? Que dirait la population (et peut-être ces mêmes copropriétaires) si les préposés à la voirie publique, en plus des soufflettes, s'installaient à côté de logements pour produire avec un broyeur géant, pendant des heures, un bruit et des vibrations de scierie ?
Il en va d'ailleurs de même de la gestion des travaux de rénovation dans un certain nombre d'immeubles privés. Alors que nous attendons, normalement, que les pouvoirs publics mettent les prestataires en concurrence pour obtenir les meilleures offres et les meilleurs prix, afin de respecter le code des marchés mais surtout de faire le meilleur usage des deniers qui leur sont confiés, certains syndics commandent tranquillement, avec l'approbation de leurs mandants, des travaux très importants en faisant systématiquement appel aux mêmes entreprises - non seulement sans comparer les prix, mais même parfois sans étude de marché ou technique sur la pertinence desdits travaux. Continuons à être exigeants avec la gestion publique, bien sûr. Mais demandons nous s'il est bien raisonnable de faire à ce point deux poids et deux mesures entre gestion publique et gestion privée...
Béatrice Buguet
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.