- (22 avril, mi-journée)
Les tribunaux administratifs de Versailles et de Cergy-Pontoise ont rejeté cette semaine les deux référés-liberté déposés contre l'utilisation de machines à voter lors de l'élection
présidentielle dans les communes d'Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et Courdimanche (Val-d'Oise). Le tribunal administratif de Versailles a rejeté la requête, car, quand bien
même les machines ne seraient pas conformes à l'agrément du ministère de
l'Intérieur, «une telle circonstance ne permet pas, à elle seule, de
caractériser une atteinte grave à la liberté fondamentale que constitue
l'exercice du droit de suffrage.» Les magistrats de Cergy-Pontoise ont quant à eux condamné les requérants à payer 800 € au
titre des frais de justice.
Les machines à voter incriminées ne posent donc pas de problème juridique, ce dont on pouvait se douter puisque leur usage a été validé par le Conseil constitutionnel depuis 1969. Elles ne sont pas pour autant sans inconvénients: ce soir, dans notre commune comme dans toutes celles où le vote électronique a été retenu, les citoyens auront le droit dès 20 heures de... rentrer chez eux pour s'isoler devant le poste de télévision, au lieu pour ceux qui le faisaient de procéder ensemble au dépouillement des bulletins. Un gain de temps, incontestablement, mais un gain en termes de citoyenneté ? Pas sûr du tout...
Encore le gain de temps doit il être relativisé : dès ce matin, dans un contexte réjouissant de forte mobilisation, lesdites machines ont visiblement contribué à allonger les files d'attente. Une seule machine au lieu de plusieurs isoloirs, des présidents de bureaux contraints de redoubler de vigilance avec le boîtier... L'exemple d'Issy-les-Moulineaux, commune bien connue pour n'être jamais en retard d'une innovation technologique mais moins célèbre pour la qualité de ses débats internes - si on en juge en tous cas par le style autoritariste de "gouvernance" d'André Santini à la tête de l'agglomération - le documente : sans vouloir vivre au Moyen-âge, le progrès technologique ne correspond pas toujours à un progrès tout court !
Béatrice Buguet
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