Notre
invité du mois : Jerôme Cachart, secrétaire du Syndicat national unifié des impôts (SNUI) des Hauts-de-Seine Nord.
Le SNUI est le premier syndicat de la
Direction Générale des impôts, avec 21 000 adhérents sur une administration
qui comporte 75 000 agents. Pour la gestion publique et dans la vie quotidienne
de chacun, les questions fiscales sont essentielles, pourtant, même en
s’informant régulièrement, il n’est pas facile de connaître les principaux
enjeux. La difficulté d’un débat fiscal clair, une fatalité ? Nous avons posé
la question à Jerôme Cachart :
- Diverses réformes fiscales sont
aujourd’hui annoncées. Chacun voit en gros s’il sera directement concerné
ou non, encore que cela
dépende de beaucoup de variables ; on a vu par exemple dans la presse, ces derniers jours, de vives réactions de déception et des allers-retours à propos du dispositif d’exonération des intérêts d’emprunt pour l’achat du logement principal... Mais au-delà, chaque mesure n’est pas présentée dans ses enjeux globaux : quelle masse financière représente-t-elle, qui favorise ou défavorise-t-elle, quelles sont les conséquences réelles de l’instauration ou de la suppression de telle ou telle imposition… Est-il possible d’y voir clair ?
Je
peux vous apporter le discours de praticiens de la fiscalité. Dans nos
démocraties modernes, les débats touchant au financement des services publics
sont souvent occultés car ils paraissent trop techniques et compliqués. Pourtant, on peut essayer de poser quelques données claires.
Serait-il
blasphématoire de rappeler l'idéal fixé par l'article 13 de la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen : "Pour l'entretien de la force publique, et
pour les dépenses d'administration, une contribution commune est indispensable
: elle doit être également répartie entre tous les citoyens, en raison de leurs
facultés."
En
ce qui concerne les droits de succession, la presse, quand elle en parle, affole
souvent les classes moyennes quant à la taxation de leurs biens en cas de
décès. On ne dit pas que seules 25 % des successions donnent lieu à taxation… Il existe en outre de nombreux dispositifs de donations anticipées exonérées, et des
abattements. Le patrimoine médian transmis est d'environ 60 000 euros, sachant
que l'abattement général est de 50 000 euros.
Réduire encore les droits de succession – voire les supprimer - aurait pour conséquence directe d’accroître encore les inégalités patrimoniales au bénéfice de quelques-uns. Quant aux argumentaires présentés, ils sont surprenants : si on souhaite valoriser le travail, vraiment, comment est-il acceptable que certains enfants soient assurés de vivre dans le luxe uniquement grâce à l'héritage d'un capital hérité des parents ?
Jerôme Cachart, entretien avec Béatrice Buguet
Si cette note vous a interéssé(e), vous pouvez accéder régulièrement à des données et débats sur le site du SNUI.
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