La question du "Grand Paris" n'est pas récente, contrairement à ce que laissent penser de nombreux commentaires, et surtout certains discours publics qui semblent aujourd'hui l'inventer. L'ouvrage remarquablement documenté et illustré de Simon Texier, "Paris contemporain", retrace entre autres choses la naissance de la région parisienne avec une éphémère Commission d'extension de Paris constituée en 1911, la création du Comité supérieur d'aménagement et d'organisation de la région parisienne en 1928, au sein duquel, "pour la première fois, le terme de Région parisienne est officialisé, et ce même si certains, tel le maire de Boulogne André Morizet, refusent de croire à une nouvelle annexion des communes périphériques." Achevé en 1934, approuvé
en 1939, le Plan d'aménagement de la région parisienne ne sera pas mis en oeuvre.
Aujourd'hui, la question du Grand
Paris se pose dans un contexte transformé par le redécoupage
du département de la Seine-et-Oise en 1967, la constitution des régions
en collectivités territoriales avec un exécutif élu au suffrage universel pour la première fois en 1986, ainsi que par les lois successives de décentralisation avec deux étapes principales en 1982/83 puis en 2004. Elle pourrait également être articulée avec une réflexion sur le rôle du schéma directeur de la région Ile-de-France, qui "a pour objectif de maîtriser la croissance urbaine et démographique et l'utilisation de l'espace tout en garantissant le rayonnement international de cette région", et en précisant "les moyens à mettre en oeuvre pour corriger les disparités spatiales, sociales et économiques de la région, coordonner l'offre de déplacement et préserver les zones rurales et naturelles afin d'assurer un développement durable de la région"...
Au travers de la désignation spectaculaire de dix équipes d'architectes et d'urbanistes mandatées par l'Etat pour "s'emparer du sujet", et de très nombreux propos entrecroisés, sont rarement posées quelques questions essentielles qui motivent les initiatives :
- quelle répartition du pouvoir, étant donnés les partis en présence, entre l'Etat, la région, la ville de Paris, les départements franciliens de petite couronne et les intercommunalités naissantes sur les questions d'aménagement en particulier ?
- quels apports financiers correspondants ?
- quelle visibilité politique recherchée ?
- (en conséquence largement de la première question) quelle articulation - pour le moment très lacunaire - des documents de planification et d'urbanisme superposés à différentes échelles territoriales ?
Rappel des dernières évolutions du dossier, sur lequel Democratie92 reviendra à la rentrée :
- le 25 juin 2008, 200 élus franciliens de toutes tendances politiques rassemblés
lors des "Assises de la métropole" ont décidé de créer
à la rentrée un futur « syndicat mixte ouvert » auquel les collectivités dIle-de-France pourront
adhérer. Cette intercommunalité non contraignante permettra aux élus qui le souhaiteront de travailler sur des problématiques urgentes
comme le logement, les transports ou l’économie. Pour la première fois lors de telles réunion, les élus UMP des Hauts-de-Seine sont présents.
- à l'occasion du remaniement ministériel entrepris après les élections municipales, Nicolas Sarkozy crée en mars 2008 un "secrétariat d'Etat au Grand Paris".
- en inaugurant l'aéroport de Roissy 3 le 27 juin 2007, Nicolas Sarkozy se lance dans un plaidoyer en faveur du "Grand Paris" ; quelques mois plus tard, en janvier 2008, il annonce qu'il va "s'impliquer personnellement dans le projet du Grand Paris". Le ministère de la Culture fait travailler dix équipes d'architectes et urbanistes sur le sujet.
- en 2001, la municipalité parisienne s'engage dans une démarche de coopération avec les collectivités territoriales d'Ile-de-France à différentes échelles : villes, départements, région, intercommunalités. Des accords concrets de coopération sont signés. Le 5 juin 2003, est signé un protocle de coopération avec la ville de Vanves, le premier qui concerne les Hauts-de-Seine.
Et oui certains sèment et les autres "moissonnent" et récoltent les lauriers. Cela me fait penser à mon oncle qui a combattu en première ligne au "mont Cassino"ou il a vu mourir près de lui des camarades. À la fin de la guerre, croyez-vous que l'on a décoré ceux qui étaient en première ligne, et bien non les médailles ont été données à ceux qui donnaient les ordres, derrière bien au chaud, à l'abri des balles.
Moralité : ce ne sont pas ceux qui font le travail qui est récompensé.
Rédigé par : serge poidevin | 07 juillet 2008 à 11:33