Les
jardins familiaux sont des lotissements de parcelles mis à disposition de
jardiniers afin qu'ils en jouissent pour leurs loisirs et les cultivent pour
les besoins de leur famille, à l'exclusion de tout usage commercial. Une initiative apparue dès le XIXème siècle en Angleterre puis en Allemagne, et qui s'est ensuite développée dans toute l'Europe... En Ile-de-France, certains jardins familiaux sont les héritiers des jardins ouvriers créés entre les deux guerres mondiales, d'autres sont de création plus récente, à l'initiative des municipalités (dans les Hauts-de-Seine, Chaville, Gennevilliers ou Puteaux par exemple).
A Boulogne-Billancourt qui accueillait autrefois de nombreux jardins ouvriers, il reste quelques jardins familiaux près du Pont-de-Sèvres, en terrasse, dans un lieu par ailleurs extrêmement urbanisé. La question de leur devenir est posée dans le
cadre de la restructuration en cours du quartier ; et depuis que le conseil municipal il y a quelques semaines a rendu constructibles 10 000 m2 précédemment classés en zone naturelle... Une parcelle où sont localisés quelques espaces de jeu, et la plus grande partie des jardins familiaux subsistants. Le mouvement des Verts à Boulogne-Billancourt a adressé au maire une lettre ouverte demandant le maintien des jardins.
Si la parcelle était affectée à des constructions nouvelles, les jardins devraient normalement être réimplantés dans un autre site. L'article L. 563-1 du code rural dispose en effet que "en
cas d'expropriation ou de cession amiable, dans le cadre d'une opération
déclarée d'utilité publique, de terrains exploités comme jardins familiaux, les
associations ou les exploitants évincés membres de ces associations pourront,
s'ils le souhaitent, obtenir de l'expropriant qu'il mette à leur disposition
des terrains équivalents en surface et en équipements, sans préjudice des
indemnités dues pour les frais de réaménagement."
Dossier à suivre d'autant que la restructuration globale du quartier, nécessaire par ailleurs, est menée dans un esprit de densification intense. Et dans le contexte d'une ville dont l'histoire ouvrière n'est plus guère perceptible que dans les expositions qui lui sont dédiées, après la disparition successive des blanchisseries (comme dans d'autres communes de l'axe Paris-Versailles), des usines d'aviation, des usines automobiles, accompagnée par la mise en construction de l'essentiel des anciens jardins ouvriers...
Au delà des parcelles considérées, c'est aujourd'hui la question du rapport à la nature en ville qui peut être posée en élargissant celle des jardins familiaux. Lors de la récente réunion de lancement de la construction d'un agenda 21 à Colombes, Jean-Marie Pelt, président de l'institut européen d'écologie, disait toute l'importance de végétaliser les villes. Peut-être le devenir des jardins familiaux et des associations qui, souvent, les gèrent pourrait-il être plus ample et plus diffus à la fois, sur le modèle des associations d'habitants qui s'investissent, outre-Rhin et ailleurs, dans l'entretien végétal des espaces extérieurs à l'habitat ?
Cela exige bien sûr une urbanisation adéquate prévoyant, précisément, des espaces végétalisables dans la ville, autrement que confinés à quelques enclos ; et une architecture qui, pourquoi pas, mêle bien plus intimement qu'aujourd'hui le bâti et l'extérieur... Si des régions plus froides que la nôtre s'en donnent la peine, et si toutes les familles qui, financièrement, peuvent l'espérer, recherchent pour leur appartement au moins un balcon, il serait peut-être temps de cesser d'aménager ou de réaménager des quartiers entiers comme dans les années 60, en ne tenant aucun compte de cette dimension essentielle.
Enfin, que ce soit pour les jardins familiaux, pour les espaces verts municipaux ou pour des espaces de végétalisation à conquérir par les habitants, le remplacement des pesticides par des techniques durables d'entretien des végétaux, maintenant systématisé dans certaines communes, s'impose particulièrement en ville.
Sites intéressants :
Fédération Ile-de-France des jardins familiaux : ce site répertorie une partie des jardins, par départements
Office international du coin de terre et des jardins familiaux
Extraits portant sur la région parisienne de l'ouvrage : "Cent ans d'histoire des jardins ouvriers", par Béatrice Cabedoce, Philippe Pierson et Maurice Schumann
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