Le Conseil régional d’Ile de France a voté récemment, à la quasi-unanimité, un "plan piscines", visant à soutenir la construction ou la rénovation des piscines franciliennes. Heureuse initiative, qu’il était grand temps de prendre! Une étude menée l’an dernier sur les équipements aquatiques a montré qu’il manque au moins une centaine de piscines pour satisfaire les besoins des franciliens. Sans faire appel à des consultants spécialisés, il suffit d’ailleurs de fréquenter les équipements alentours pour savoir qu’ils sont la plupart du temps très pleins… Et à la porte de notre ville pendant ce temps là, le "Syndicat mixte du Val de Seine" avec principalement le Conseil général 92 a immobilisé près de 8 hectares en bordure de Seine, à proximité
immédiate du Pont de Sèvres, pour construire
à grands frais ce qui
est, selon les supports de communication, dénommé alternativement "pôle de loisirs
nautiques
et sportifs", "base de loisirs", ou
"parc nautique
départemental" : en réalité, un vaste espace consacré à l'aviron et au
canoë-kayak (ce qui est très bien, mais...) à l'exclusion d'autres sports, et sous la forme essentiellement d'une série
de hangars high-tech abritant
des
embarcations. Pour des clubs dont certains ne s'entraînent d'ailleurs même pas
sur place... Sans compter d'ailleurs le restaurant, les bureaux et logements de fonction que s'est réservé le Conseil général, dans une approche pour le moins éloignée de tout projet sportif. Mais qui explique peut-être le véto mis aux activités susceptibles d'attirer des pratiquants nombreux !! Vous avez dit "base de loisirs" ?
Globalement, à quand une politique raisonnée et priorisée du sport ? Le canoë-kayak est une activité éminemment sympathique, mais fallait il réserver exclusivement à, au mieux, quelque 200 pratiquants réguliers ou occasionnels (combien d'heures réelles de sport par semaine ?) ce magnifique espace en bord de Seine, quand la natation, sport d'élite et sport pour tous, est traitée systématiquement en parente pauvre ? Le Conseil général a même écarté jusqu'ici la possibilité d'une construction de piscine sur barge, qui pourtant n'aurait pas empiété sur le luxe d'espace dédié aux bâtiments "nautiques"... Mais évidemment, un tel projet n'aurait servi qu'à permettre à quelques milliers de résidents des alentours de pratiquer régulièrement le sport; en plus, il aurait fallu le gérer, puisque le site aurait été beaucoup plus fréquenté. Entre les constructions de prestige et le sport pour tous, les décideurs concernés ont clairement choisi de sacrifier le second.
L'idéal serait bien sûr de disposer à proximité de tous les équipements possibles et imaginables. Mais en pratique, les budgets, et l'espace, sont limités. Pour ceux qui souhaitent pratiquer le sport et pas seulement assister à des manifestations télévisées ou non, voyons quelle collectivité publique saura dans l'avenir ne pas oublier de mettre en rapport les budgets publics avec le nombre de pratiquants...
Béatrice Buguet
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