Six mois après les municipales, Jean-Jacques Guillet poursuit dans le journal de la ville son dialogue avec lui-même, ce qui, il est vrai, est assez utile pour ne pas être contredit. Cette fois, ayant peut-être perçu le côté quelque peu surréaliste du premier exercice du genre, illustré dans les six premières pages de pas moins de sept photographies de lui-même, il en a fortement réduit le nombre en tête de journal. Mais les âmes éventuellement sensibles à son charme ne seront tout de même pas frustrées, avec cette fois trois portraits du grand homme.
Si l'on fait l'effort de s'arracher aux images pour aborder le texte, on est d'abord un peu désorienté, car le maire se place encore en pleine campagne municipale. Un second
effort, cette fois pour revenir au temps présent,
ramène heureusement ou malheureusement les consciences du printemps à
l'automne. Et là faisons court, car l'auteur du propos se lance entre autres dans une discussion du budget... de ses prédécesseurs. A peine une discussion d'ailleurs : certains passages - cf "la précédente municipalité avait fait voter un budget pour 2008 dont les bases étaient fausses" (sic), relèvent plutôt de qualifications juridiques et pourraient, si l'actuelle opposition décide de s'y attacher, valoir quelques ennuis à leur auteur... Renvoyons, pour un minimum de débat, à l'article technique de Jacques Rivier, ex maire-adjoint aux finances, sur le blog de Jean Levain. A lire aussi : le rapport de la Chambre régionale des comptes rendu fin 2006 sur Chaville. Les magistrats des comptes, sans doute moins éclairés que le nouveau maire meudonnais de Chaville, ne décelaient quant à eux aucun budget "faux" et concluaient à une situation financière de la ville "globalement favorable avec des marges de manoeuvre appréciables"... Les rapports de la Chambre sont loin d'avoir tous cette tonalité positive pour les communes des Hauts-de-Seine, merci à M. Guillet de nous y avoir fait penser : d'autres notes d'information suivront sur Démocratie92.
Sur d'autres points, impossible sans longueur excessive de suivre le maire dans tous ses développements. On passera de toute façon sur les félicitations qu'il s'adresse pour des manifestations existant de longue date ou créées avant son arrivée : programmation de l'Atrium, forum des savoirs, forum des associations, ainsi que sur des initiatives certes sympathiques mais marginales (marche Chaville-Versailles : une centaine de participants environ). Quelques éclairages sur des questions plus fondamentales et plus actuelles :
- Nouvelle école, programmée par l'ancienne municipalité : M. Guillet indique dans ce numéro d'octobre que "les travaux devraient commencer comme prévu début 2009". En mai, il écrivait dans le n° 63 du ChavilleMagazine à propos de ce même groupe scolaire : "il est apparu nécessaire à la municipalité comme à moi-même d'améliorer le projet /.../ nous sommes également en train d'examiner, en collaboration avec l'Education Nationale, le problème du nombre de classes en fonction des perspectives démographiques de Chaville". Plus de trace, dans ce numéro d'octobre, "d'améliorations" envisagées, ni du nombre de classes (d'ailleurs arrêté dès l'abord par l'ancienne municipalité en lien étroit avec l'Education nationale). Finalement, on reprend tout comme c'était prévu ?
- Dépenses publiques et personnel municipal : M. Guillet annonce que "dès cette année, le ratio de personnel / dépenses réelles de fonctionnement sera stabilisé à la baisse" (sic). Notons d'abord cette innovation dans le langage financier et comptable : désormais, ne demandez plus une augmentation, souhaitez plutôt que votre salaire soit "stabilisé à la hausse"... Proposez à votre garagiste de "stabiliser à la baisse" vos factures de révision... Vous n'obtiendrez sans doute aucun résultat concret, mais serez assuré de plonger vos interlocuteurs dans la perplexité. Bon, et sur le fond, qu'est-ce que cela veut dire ? Il semble pour le moment que les embauches réalisées par M. Guillet se soient faites à un niveau de salaire bien supérieur à celui qui était accordé aux fonctionnaires précédemment en place. Pour "stabiliser à la baisse", compte-t-il baisser en compensation le traitement d'autres personnels ? Ou renoncer à assurer une partie du service public ?
- Etats-généraux de Chaville : ils étaient annoncés pour l'automne, le maire continue à les annoncer. A suivre : attendons la prochaine annonce.
- Intercommunalité : financièrement, M. Guillet pense "s'adosser de plus en plus" à la communauté d'agglomération. Quand on sait que celle-ci laisse allègrement filer les coûts, avec par exemple une augmentation de 60% en quatre ans du coût du service de l'élimination des déchets ménagers, tous les espoirs sont permis.
Comme on le voit, tout Chavillois intéressé par sa ville ne saurait se dispenser de lire la prose de M. Guillet, sauf à rater, et avouons que ce serait dommage, d'intéressants happenings de langage, des annonces portant sur le passé et des annonces d'annonces.
Si avec tout cela, les plus curieux ne sont pas encore satisfaits, ils pourront trouver sur ce site des informations sur des sujets non évoqués par le maire : ainsi, ce qui n'est pas dit en conseil municipal, les innovations de la ville en infraction avec le code de l'environnement ou encore les travaux d'accessibilité de la gare rive droite.
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