Faut-il développer encore le quartier de La Défense ? Ce n'est pas aux communes concernées que la question a été posée, ni au Conseil régional d'Ile-de-France - pourtant responsable de l'aménagement du territoire et chargé de coordonner le développement écomomique - mais à un représentant de l'Etat, le préfet Pascal Lelarge, directeur régional de l'Equipement.
Et le rapport Lelarge ne fait pas dans le détail. En sus des 640 000 m2 de surfaces supplémentaires d'ores et déjà projetées par l'EPAD (voir note précédente) pour être livrées d'ici à 2015 sous la forme d'une douzaine de tours entièrement nouvelles, ou reconstruites avec plus d'étages, l'évolution opportune à
partir de 2013 lui paraît être de "progresser d'environ 100 000 m2 supplémentaires par an pendant les 10 à 15 années suivantes pour l'ensemble du secteur La Défense-Nanterre". Il est essentiel, poursuit le préfet, que "les développements à venir s'inscrivent dans un projet urbain d'ensemble". Un projet urbain défini lui aussi par l'Etat?
Entièrement centré sur les questions, notamment financières, de devenir du quartier d'affaires et des infrastructures qui le desservent, le rapport Lelarge ne fait aucune part à l'aménagement régional du territoire. Et n'envisage que partiellement les questions immédiatement liées aux orientations qu'il formule : le rapport évoque la saturation des transports en commun qui desservent La Défense, et propose pour y palier de prolonger la ligne EOLE depuis Saint-Lazare jusqu'à La Défense (par construction d'un tunnel - les tunnels sont très à la mode quand il s'agit des Hauts-de-Seine). Mais de très nombreux utilisateurs du site ne viennent pas de Saint Lazare. Quels coûts induits si l'ensemble des réseaux doit être renforcé ? Et qui les portera ? Par ailleurs, ce ne sont pas seulement les lignes de transport qui sont saturées, mais une bonne part des infrastructures du site : les salariés qui sortent des trains de banlieue aux heures de pointe vivent chaque matin les foules denses qui emplissent complètement des couloirs devenus trop étroits ; quelle sécurité, dès aujourd'hui, en cas d'incendie par exemple, ou de tout incident nécessitant une évacuation rapide ? Or selon le rapport Lelarge, les surfaces supplémentaires de bureaux induiraient 50 000 "déplacements en entrée" supplémentaires à échéance 2015, 78 000 à échéance 2020.
La construction de nouveaux bureaux est très attendue par les promoteurs. Ne regarde-t-elle pas aussi, voire en premier lieu, les habitants et les salariés concernés, les collectivités locales, ainsi que l'équilibre économique, urbain, social et financier de l'ensemble de la région Ile-de-France ?
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